Après Un poison violent, portrait tout en nuances d’une adolescente qui tournait le dos à la religion pour s’ouvrir à la sensualité, Suzanne fait plus que confirmer le talent de Katell Quillévéré ; c’est l’une des révélations majeures du Festival de Cannes 2013. À l’instar de Robert Guédiguian, la cinéaste a la conviction contagieuse que les gens ordinaires peuvent « eux aussi » avoir une vie passionnante et que le meilleur moyen de le montrer est de renoncer à toute forme d’apitoiement, de schématisme ou d’exhibitionnisme. Suzanne se présente donc avant tout comme un film généreux, attachant, et puissant, porté par une superbe troupe d’acteurs (Sara Forestier, Adèle Haenel et François Damiens). Par ailleurs, l’autre point fort du film réside dans l’ampleur de sa narration. Katell Quillévéré n’a pas hésité à sortir de la tranche de vie pour nous embarquer au fil des décennies aux côtés de ses héroïnes. Elle filme le temps qui passe et donne à son œuvre des allures de superbe mélodrame qui fraye avec bonheur avec le naturalisme.

COURS : Naissance d’une cinéaste : Katell Quillévéré (Unipop ALC, saison 2013-14).